Le prélude comporte 2 parties, avec une barre de reprise à la fin de chacune. Il pourrait trouver sa place dans le fil "Comme une prière", se déployant dans une atmosphère intime voire introspective. La fugue est au contraire plus dynamique et terre à terre.
J'avais commencé par travailler la fugue dans l'idée de monter d'abord le plus gros morceau, en partant de la 3e page pour remonter, puis j'alternais selon les jours.
Je n'ai commencé à me mettre sérieusement au prélude qu'après que la fugue ait vraiment pris forme, donc au bout d'un certain temps. Et là grosse surprise, je me suis trouvé beaucoup moins inspiré sur le prélude, qui pourtant semblait plus facile ! C'est peut-être d'ailleurs l'apparence de simplicité du prélude qui m'a dérouté après avoir travaillé la fugue, car je n'arrivais qu'à faire les aspects les plus "évidents" du prélude sans que ce soit vraiment convaincant. Je pense que ce fut une belle erreur de ne pas avoir travaillé conjointement le prélude et la fugue ensemble.
Etant déjà empêtré dans pas mal de difficultés à la fois dans le prélude (instrumentation, liaisons par deux, lignes mélodiques...) et la fugue (pédale

En effet, arrivé à la fin du prélude, j'avais beaucoup de mal à retrouver l'énergie à relancer pour la fugue, alors qu'à la fin de la fugue, j'étais frustré de n'avoir pas dit "assez de choses" et enchaîner sur le prélude me paraissait naturel. Inutile de vous dire, quoique je n'aies pas pu voir leurs têtes, que l'inversion de l'ordre en a choqué quelques-uns !


Arrive au même moment une opportunité de concert pour fin novembre. Horreur, je n'ai quasiment rien dans mon répertoire de présentable et le temps est vraiment trop court pour monter des pièces totalement nouvelles

Finalement le programme du concert s'est aisément rempli, il n'y avait pas besoin de "meubler", et je n'envisageais donc pas de jouer les reprises du prélude. Mais ma prof me le demande, car évidemment elles sont écrites et il faut tout jouer !
Je ne me fais pas prier. Dans Bach, le texte offre tellement de possibilités, je ne manque pas d'idées pour que "quand le même gâteau sera servi une deuxième fois, il faut qu'il paraisse toujours aussi bon, voire meilleur", pour reprendre une métaphore mon ancien prof de musique de chambre.
Et c'est là, où surpris, je constate que le prélude commence à prendre une consistance que je ne lui avait pas imaginé auparavant. Je m'y sens beaucoup plus confortable, arrive à mieux installer l'atmosphère, et mieux "développer" la musique. D'un autre côté, je pense que je gardais aussi des idées en réserve pour la reprise et me restreignais un peu lors de l'exposition, ce que ma prof m'a fait remarqué lors d'un second cours, en me disant que je jouais les reprises mieux que les expositions, et ce pour chacune des 2 parties du prélude. C'était aussi le signe qu'il me fallait du temps pour rentrer véritablement dans la musique du prélude au cours du morceau, un point qu'il faudra aussi améliorer.
J'ai continué à travailler en essayant de "prendre" un peu de ce que je faisais dans les reprises pour les mettre dans l'exposition, et faire en sorte tout soit plus équilibré.
Au final cela a bien fonctionné. Suite à de nouvelles restrictions de timing pour le concert, il n'était plus possible de jouer toutes les reprises du prélude, mais j'ai conservé la reprise de la 1ere partie qui est plus courte. Je savais néanmoins que ne pas jouer les reprises ne me poseraient plus le genre de souci que j'avais pu ressentir avant de les travailler.
Cela m'a bien servi de leçon, et je pense que je négligerai plus jamais les indications de barre de reprise dans une oeuvre, même si je savais déjà qu'elles avaient toujours un sens.
Et vous, comment abordez-vous le travail des reprises (ou des réexpositions dans les formes ABA) dans Haydn, Schubert ou autre ? comment trouvez-vous des idées pour ne pas jouer exactement pareil, resservir un gâteau encore plus goûteux à la nième fois
