Comment jouer la Lettre à Elise

[olive8313]

Bonjour, j'ai fait une petite recherche sur ce sujet sans réellement trouver de réponse (j'espère ne pas m'être loupé ).
J'apprends ce morceau en ce moment du moins la 1ère partie et j'ai du mal à trouver des infos sur la façon de nuancer cette pièce.
Sur la partition que j'utilise, il y a juste un pianissimo au début et rien d'autre. D'après mon prof, il s'agit bien de la version originale.
J'ai aussi une question concernant la vitesse.
Mon prof me dit souvent qu'à cette époque, les compositeurs laissaient toute latitude aux interprètes de varier vitesse et nuances et c'est pourquoi ces indications étaient minimalistes.
Si vous avez des infos, je suis preneur

[Fred83]

Salut, je l'ai apprise l'an dernier, et je me suis inspiré de ces 2 versions :
toujours un peu d'emphase
très belle version qui m'a le plus marqué

D'une manière générale, je trouve les versions écoutées ici et là trop rapides. C'est vrai que c'est un morceau plutôt facile, du moins la première partie. (les 2 autres parties, on les entend beaucoup moins, car bien plus ardues!) et j'ai l'impression que les pianistes en profitent pour étaler leur technique au détriment de la sentimentalité. Dommage car ce morceau est superbe et permet de nuancer son jeu.

[Sylma]

Bonjour,
Il me semble qu'il est toujours très instructif d'écouter des versions de référence pour se forger des repères, faire le tri entre ce qu'on aime ...ou pas (personnellement je déteste G. Gould dans cette oeuvre). Les enregistrements ne manquent pas sur Youtube et sur cd, écouter en priorité les grands beethoveniens. Et c'est très formateur aussi d'écouter avec la partition sous les yeux.

[olive8313]

Merci beaucoup Fred83. Je fais aussi comme ça en phase finale d'apprentissage. J'écoute plusieurs versions même si la plupart du temps, je me fie à mon ressenti pour introduire nuances et changement de rythme. Puis je soumets tout ça à mon prof qui est toujours de très bon conseil.
Mais je m'impose dans un 1er temps d'apprendre "comme c'est écrit" ayant opté pour un apprentissage plutôt académique.

[olive8313]

Tout à fait Sylma, même si comme je viens de l'écrire (nos posts se sont croisés ), j'essaie d'apporter ma touche perso, ou du moins, en toute modestie car je ne joue pas depuis très longtemps, de retranscrire mes sentiments dans le jeu.

[Tatafanfan]

Lisitsa, sans hésiter, elle m'a guidée lorsque ma prof' m'avait donné ce morceau à travailler au mois d'aout quand j'en étais à ma 2ème année avec elle, et ayant par hasard entendu et vu la vdéo de Lisitsa, ça m'a guidée, et au retour de ma prof', elle me demande de le lui jouer et vlam' à la fin (j'en pouvais plus ) elle me fait la bise pour ce travail qu'elle ne s'attendait pas à entedre (moi non plus !) !
Alors ça va le faire pour vous aussi!

P.S. Quelqu'un a mentionné Gould dans les commentaires, dieu du ciel, je n'aurais même pas imaginé Gould et Für Elise !

[olive8313]

Tatafanfan merci
Mais du coup je comprends que rien de bien précis n'est prévu pour ce morceau. Je vais pouvoir me lâcher. Je vais aussi attaquer la deuxième partie, mais je me sens encore un peu inexpérimenté pour ça.

[Jacques Béziat]

En premier lieu, il faut éviter tout débordement romantique avec Beethoven, mais au contraire rechercher une déclamation directe empreinte de simplicité.
Beethoven est un anti-Schumann, il est finalement dans la lignée et l'universalité d'un Bach, même si cette Lettre à Élise n'est qu'une lettre d'amour désespérée.
Quand on cherche une interprétation, mieux vaut écouter d'abord un Rubinstein, un Brendel, qu'un Lang Lang ou une Buniashtivili.
Barenboïm est, parmi d'autres, un interprète hors pair de Beethoven.
Le romantisme de Beethoven est celui de l'intellectuel et du philosophe universel, il est un humaniste, loin de l'étalement des sentiments personnels, ces derniers sont juste exprimés de façon pudique.
Au contraire du romantisme seconde mouture qui exalte les sentiments personnels, sans pudeur.
Si on est dans cette optique, l'interprétation devra en tenir compte.

Bon, bref : Beethoven = interprétation toute en sobriété, pudeur, et droiture .

Mon opinion.

[juju60270]

De façon générale, il faut éviter tout débordement romantique avec Beethoven, mais au contraire rechercher une déclamation directe empreinte de simplicité.
Beethoven est un anti-Schumann, il est finalement dans la lignée et l'universalité d'un Bach, même si cette Lettre à Élise n'est qu'une lettre d'amour désespérée.
Quand on cherche une interprétation, mieux vaut écouter d'abord un Rubinstein, un Brendel, qu'un Lang Lang ou une Buniashtivili.
Barenboïm est, parmi d'autres, un interprète hors pair de Beethoven.
Le romantisme de Beethoven est celui de l'intellectuel et du philosophe universel, il est humaniste, loin de l'étalement des sentiments personnels, ces derniers sont juste exprimés de façon pudique.
Au contraire du romantisme seconde mouture qui exalte les sentiments personnels, sans pudeur.
Si on est dans cette optique, l'interprétation devra en tenir compte.
Juste mon opinion, ensuite chacun peut bien jouer comme il l'entend.

Bon, bref : Beethoven = interprétation toute en sobriété, pudeur, et droiture .

Je rejoins tout a fait ces propos… beethoven n’est pas un romantique comme liszt ou chopin… c’est une bagatelle, pas une sonate du style appassionata… tout doit etre a sanplace (mm dans ses sonates), la rigueur et la retenue sont de mise… et mm si parfois on pense qu’un rubato serait mieux la ou la, on s’abstient si ce n’est pas marqué (et en general ce n’est pas marqué!)
J’aime bien la rigueur de lisitsa sur beethoven, je la trouve moins bien sur du liszt ou du chopin…

[DIDIER25]

Oui, entièrement d'accord avec l'excellente réflexion de Jacques !
J'ai le souvenir ineffaçable de l'interprétation du grand Aldo Ciccolini sur le tout premier 33 tour qu'on m'aie offert (bien avant que je commence l'étude du piano) et que j'écoutais en boucle sur mon premier tourne-disque (stéréo, quand même !.....). L'album s'appelait (SIC !) : "A quoi rêvent les jeunes filles".... Je l'ai toujours, mais il est inécoutable (usé jusqu'à la corde, hélas....). C'était chez Columbia, collection Plaisir Musical en 1965. Nostalgie.....https://www.discogs.com/fr/release/1209 ... nes-Filles

[Jacques Béziat]

Je rejoins tout a fait ces propos… beethoven n’est pas un romantique comme liszt ou chopin… c’est une bagatelle, pas une sonate du style appassionata… tout doit etre a sanplace (mm dans ses sonates), la rigueur et la retenue sont de mise… et mm si parfois on pense qu’un rubato serait mieux la ou la, on s’abstient si ce n’est pas marqué (et en general ce n’est pas marqué!)
J’aime bien la rigueur de lisitsa sur beethoven, je la trouve moins bien sur du liszt ou du chopin…

Personnellement, je déteste carrément Lisitsa chez Liszt ou Chopin , elle en fait des tonnes dans le pathos, une guimauve parfaite pour épater une population pas ou peu cultivée musicalement, mais bien loin de la partition et de l'esprit des compositeurs.
On peut critiquer Khatia sur ce point, mais Lisitsa c'est encore pire, je souffre le martyre à l'écouter comme à la regarder (d'ailleurs je ne l'écoute plus depuis longtemps) .
Et oui, le rubato est à l'opposé de l'esprit de Beethoven, il n'use d'aucun artifice ni méandres, c'est franc, du brut de coffrage, il va droit au but, c'est un sanguin.
SI on aime le rubato, il faut le garder pour Schumann ou César Franck (le rubato de ce dernier est d'ailleurs un délice à l'orgue !).
Zimerman est remarquable avec Beethoven, ses concertos avec Bernstein sont un régal .

[olive8313]

Encore quelques pistes d'inspiration pour personnaliser mon interprétation, merci Jacques Béziat, DIDIER25 et juju60270.

[juju60270]

Personnellement, je déteste carrément Lisitsa chez Liszt ou Chopin , elle en fait des tonnes dans le pathos, une guimauve parfaite pour épater une population pas ou peu cultivée musicalement, mais bien loin de la partition et de l'esprit des compositeurs.
On peut critiquer Khatia sur ce point, mais Lisitsa c'est encore pire, je souffre le martyre à l'écouter comme à la regarder (d'ailleurs je ne l'écoute plus depuis longtemps) .
Et oui, le rubato est à l'opposé de l'esprit de Beethoven, il n'use d'aucun artifice ni méandres, c'est franc, du brut de coffrage, il va droit au but, c'est un sanguin.
SI on aime le rubato, il faut le garder pour Schumann ou César Franck (le rubato de ce dernier est d'ailleurs un délice à l'orgue !).
Zimerman est remarquable avec Beethoven, ses concertos avec Bernstein sont un régal .

Haaa zimmerman… je l’ai pas ecoute sur beethoven, mais je l’ecoute sur chopin…
Pour lisitsa pareil, mais je me suis dit que j’allais y aller mollo, pour ne pas froisser les grands fans… mais sur les romantiques, elle rend ca mielleux et mievre…
Beethoven, bien que romantique, demeure d’une rigueur implacable, on ne peut faire du a peu pres…

[Tatafanfan]

Barenboïm est, parmi d'autres, un interprète hors pair de Beethoven.

Je suis à 100 000ù d'accord, hier soir (enfin, fin de journée, pour me faire un petit (et même grand plaisir les larmes aux yeux) je me suis re-regardé la vidéo de Barenboïm dirigeant les Berliner Philarmoniker et ITZHAK PERLMAN et le concerto en Ré majeur de Beethoven, que l'on ne me rétorque pas "ce n'est pas du piano", non je sais mais c'est de la musique sublime (on dit même que ce serait le 10ème concerto de Beethoven) et le violon est un instrument féérique (au mm près vous créez votre note, sinon aïe aïe aie!), j'ai recherché en vain (j'en ai tellement) le même concerto , cette fois Carlo Maria Giulini dirigeant Perlman encore plus jeune, ! Et sinon l'intégrale des sonates piano de Beethoven par Barenboïm c'est aussi un must de ma CDthèque!

[Jacques Béziat]

En effet Tatafanfan, Beethoven au piano solo ou en concerto, et même sans piano, c'est le même Beethoven.
Au piano on retrouve l'orchestre auquel il faut se référer (quand je joue du Beethoven j'entends aussitôt un orchestre), on entend parfaitement le violon, le violoncelle, les parties de cuivres, jusqu'aux timbales, et il faut rendre tout cela.
À mon humble avis, c'est peut-être même le plus orchestral de tous les compositeurs pour piano.

[Tatafanfan]

En effet Tatafanfan, Beethoven au piano solo ou en concerto, et même sans piano, c'est le même Beethoven.
Au piano on retrouve l'orchestre auquel il faut se référer (quand je joue du Beethoven j'entends aussitôt un orchestre), on entend parfaitement le violon, le violoncelle, les parties de cuivres, jusqu'aux timbales, et il faut rendre tout cela.
À mon humble avis, c'est peut-être même le plus orchestral de tous les compositeurs pour piano.

Yesssss , avis partagé!

[DIDIER25]

Oui, c'est vrai.... Un peu plus tard Liszt suit le mouvement !..... (cf les "Poèmes symphoniques entre autres").