J'aime particulièrement ce Prélude.  
 
 
Le thème du début, au clavier manuel, est très simple, et exprime une joie quasi enfantine, populaire. 
La réponse de la pédale est de même nature, et est même encore plus simple, juste sur les notes de l'accord de tonique.
Et avec ces éléments, Bach, comme à son habitude, en fait un chef-d'œuvre, où le dialogue entre les deux thèmes s'installe, et où une troisième voix principale s'insère, ayant également des choses à dire. 
Dans les marches harmoniques, toutes les voix se lâchent dans un joyeux canon, dans un tournoiement dansant, qui sont autant de feux d'artifice de modulations, le tout sous la bienveillance paternaliste d'une pédale ne venant qu'appuyer les accords.
Entre ces parties jubilatoires, de nouveaux développements créent des dialogues contrastant légèrement, moins euphoriques, comme revenant un moment à la raison.
Pour la finale, c'est le thème de la pédale qui finit par s'imposer, cette dernière achève ici ce Prélude de façon autoritaire et unificatrice, à 3 voix.
La pédale a toujours une tendance dominatrice chez Bach, conductrice, elle est la fondation, le socle de ses constructions, et même souvent l'élément central.
Mais on peut en dire autant pour toute l'œuvre pour orgue depuis l'avènement de la pédale allemande à longues marches, qui s'est imposée plus tardivement en France.