jean-séb a écrit : j'ai une petite question sur le piano brésilien : je connais deux autres jeunes pianistes et compositeurs brésiliens ; comme toi, ils sont très intéressés par les pièces exigeant force et virtuosité et composent également beaucoup de pièces extrêmement "démonstratives". Est-ce juste une coïncidence, ou bien est-ce un peu une caractéristique nationale, voire sub-continentale : je trouve que le piano et même toute la musique sud-américaine donnent souvent cette impression d'être passionnés par les rythmes et le côté percussif.
nox a écrit :J'ai une question également, mais un peu pour tout le monde : on a l'impression que tous les compositeurs contemporains s'inspirent énormément du passé, et même quand ce n'est pas le cas, n'ont pas vraiment de style personnel. (...) On a l'impression que les styles deviennent plus impersonnels, plus froids. A quoi cela tient-il à votre avis ? 
Bonjour, j'essaie une réponse, malgré ma difficulté d'exprimer des idées complèxes en français.
Pour répondre la premiere question, je crois qu'il faut voir l'histoire du Brésil. On était toujour la colonie et on a (encore) une mentalité "colonisé", en voyant tout qui est étranger comme mieux. Ça change à partir de 1920/1930, quand le sur-est brésilien cherche une identité nationale (arts, architecture, musique). Une identité qui fut aussi creé, qui est une vue particulier du sud-est brésilien à propos de notre pays. Le pays est très grand, chaque région a sa propre identité. J'habite au sud, à Blumenau. Ici, on a une histoire un peu differente. On fut colonisé par allemandes et italiennes à partir de 1850. C'est tout trop nouveau. On pourrait dire qui on est pas brésilien comme le reste du Brésil (en imaginant l'image qu'on a quand on parle du Brésil), bien qu'on est aussi brésilien. Cette vue du sur-est a été imposé sur notre région à partir de 1930, quand il fut interdit de parler italien, allemand, etc, pour une padronisation de ce qui significait "être brésilien".
J'ai pas de contact avec autres compositeurs ici. Je peux parler de moi, pas de les autres... et je crois que le rhytme est, d'accord, une chose très brésilienne, latine, on pourrait dire. Mais quand je compose j'imagine pas des choses "brésilienes". J'essaie "choses": rhytmes, curiosités, harmonies, étrangetés. Cette vue nationaliste est, à moi, dangereusement réductionniste. La musique est pour tout le monde et doit toucher notres âmes, les ãmes de tout le monde (ou de la majorité). L'art devrait avoir pas de nationalité.
Je crois que c'est possible imprimer un style. Il me paraît que des compositeurs d'aujourd-hui cherchent beaucoup l'étrangeté, du choc. On doit faire de l'étrangeté aussi, mais en chercheant de la beautesse. Et aujourd-hui il y a pas beaucoup de personnes qui croient en la beautesse (Chopin a dit qu'il écrivait des mélodies belles parce que le monde est déjà assez mauvais). Il est trop facile à créer des choses mauvaises. Mais il est difficile à créer choses qui sonnent étranges et belles, ou des choses qui sonnent étranges mais qui font sens. On doit regarder le passé et en transformer. Peut-être des compositeurs ont choisi la manière la plus facile... je sais pas.
Je vous invite à écouter mes autres compositions. Je recommande cette Ballade: 
http://www.youtube.com/watch?v=Lw0liJANNbM . Vous remarquerez qu'il y a, parmis mes musiques, une chose qui est mienne... peut-être un style.
Cordialement,
Thiago